Les koguis, les wiwas, les arhuacos et les kankuamos à l'UNESCO !

Tout récemment, le 29 novembre 2022, "le système ancestral de connaissances des quatre peuples autochtones arhuaco, kankuamo, kogi et wiwa de la Sierra Nevada de Santa Marta" a été inscrit par l'UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité. Une visibilisation et une reconnaissance du trésor de connaissances concrètes et spirituelles que constituent ces quatre peuples millénaires.

Nous nous réjouissons de cette nomination qui porte en elle une dimension symbolique extrêmement forte et une reconnaissance internationale de la valeur de la sagesse et de la connaissance des peuples premiers de la Sierra Nevada de Santa Marta. D'autant que cette décision va bien au-delà. Quand bien même elle reste pour l'instant essentiellement symbolique, elle est de ces germinations qui marquent un changement progressif de vision et même de paradigme non seulement pour les peuples premiers de la Sierra Nevada de Santa Marta, non seulement pour les peuples autochtones, mais pour l'humanité en général dans la façon dont elle reconnaît la validité et la valeur d'une culture, d'une connaissance, d'un savoir et finalement d'une sagesse.

Lorsque l'UNESCO mentionne que "Le système ancestral de connaissances des peuples arhuaco, kankuamo, kogi et wiwa de la Sierra Nevada de Santa Marta définit les missions sacrées concernant l’harmonie des quatre peuples avec l’univers physique et spirituel. De nombreuses années d’efforts permettent aux hommes (Mamos) et femmes (Sagas) d’acquérir les compétences et la sensibilité nécessaires pour communiquer avec les sommets enneigés, se connecter au savoir des rivières et décrypter les messages de la nature." ou que la ministre colombienne de la culture Patricia Ariza reconnait ces peuples comme "des maîtres de la nature et de l'eau", c'est un grand pas pour le respect de la connaissances de nos ami.e.s Koguis, Wiwas, Arhuacos et Kankuamos et pour celles de tous les "indiens", longtemps méprisée par l'occident. Il s'agit en effet d'une connaissance et d'une sagesse qui - comme le mentionne la citation de l'UNESCO - provient de milliers d'années d'observation fine des univers physique et spirituel. Le reconnaître, c'est aussi accepter qu'il y a d'autres moyens d'accéder à une connaissance valide et de valeur que des expériences scientifiques réalisées à l'aide d'appareils de mesures et publiées dans des revues de recherche occidentales. Il ne s'agit pas de rejeter les découvertes faites à l'aide du grand accélérateur de particule de Genève ou de satellites d'observations américains qui ont ouvert une nouvelle compréhension des loi de la physique et permis de valider les changements climatiques, la fonte des glaces ou la réduction de la biodiversité dont nous parlaient déjà ces peuples premiers depuis bien longtemps, sans que nous les écoutions. Il s'agit donc bien de s'ouvrir à d'autres modes d'accès à la connaissance, d'autres modes qui sont aussi reproductibles si nous redéveloppons une sensibilité, une attention et une connexion avec nous et la nature, d'autres modes que certains peuples ont su garder. Si notre monde moderne a l'humilité nécessaire pour écouter sans attendre les "mamos" et les "sagas" (autorités spirituelles, hommes et femmes) de la Sierra ou d'autres endroits du monde, alors peut- être gagneront nous le temps nécessaire pour limiter les catastrophes écologiques en cours et rétablir les déséquilibres que nous avons causés.

C'est en partie pour cela qu'est née notre association LA SEMILLA, pour aider à la reconnaissance et à la préservation de la culture des peuples premiers de la Sierra et de leur territoire, mais aussi pour aider notre "monde moderne" à les écouter. Car cette écoute est aujourd'hui vitale.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://blog.lasemilla.ong/index.php?trackback/50

Fil des commentaires de ce billet